l'art doit-il être populaire?
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Un début de problématisation ...
Problème : L'art s'adresse-t-il à tous ?
• que l'on trouve, par exemple, dans les musées.
• s'adresser à : parler à quelqu'un, aller le trouver, chercher à toucher.
• tous : l'ensemble de l'humanité, tout le monde.
n Peut-on convaincre
autrui de la
beauté d'une oeuvre d'art? De plus, si la
beauté tenait à la simple application de règles, il devrait être facile de convaincre
autrui de la
beauté d'une oeuvre d'art. Il suffirait de montrer, par exemple, que les formes d'un tableau sont bien symétriques. La
beauté pourrait alors être en quelque sorte déduite d'une idée pré-déterminée du beau: on pourrait connaître à l'avance, de manière théorique, le concept de
beau et les lois de la beauté, en tout cas reconnaître après coup que telle oeuvre est bien conforme aux règles de l'art. Or la
beauté est une catégorie esthétique et non une affaire de
théorie pure. Il y a en elle quelque chose d'irréductible à l'universalité abstraite du concept. D'un autre côté, si la
beauté n'était que sensation, il serait vain de chercher à convaincre
autrui que quoi que ce soit puisse être beau*. Il faudrait admettre que, dans le domaine de l'art, on ne discute pas des goûts et des couleurs, chaque individu ayant ses préférences. Pourtant ce n'est pas la même chose que vouloir faire partager à quelqu'un le
sentiment que procure de la
beauté d'une oeuvre et le persuader, s'il n'aime pas le vin, que le vin des Canaries est bon (texte 4). En fait, lorsqu'on affirme que quelque chose est beau*, on juge implicitement que tout le monde devrait
pouvoir ressentir le même plaisir. C'est là la définition du «jugement de goût*»: telle forme doit
pouvoir procurer du plaisir à quiconque la contemple. Ce jugement revêt un caractère universel, mais il s'agit d'universalité subjective qui concerne non pas une propriété objective de l'oeuvre, mais la relation que le
sujet a avec l'oeuvre. Dans le
langage de Kant, il s'agit d'un jugement réfléchissant* et non d'un jugement déterminant. Kant définit ainsi le
beau comme «ce qui plaît universellement sans concept»: la
beauté ne peut être déduite d'une
connaissance conceptuelle et certaine, mais, on lui confère une universalité qui l'élève au-dessus de la particularité des sensations. L'oeuvre d'art jouit ainsi d'un statut paradoxal dans la conversation: on désire parler des oeuvres et convaincre les autres de leur beauté, c'est en cela que l'oeuvre d'art se distingue d'un objet qui procure une simple jouissance, mais on ne peut jamais démontrer qu'une oeuvre d'art est belle au sens où l'on démontre un théorème de géométrie.
n Recherche des idées
• On peut comprendre le
sujet comme : Faut-il être cultivé pourappré¬cier l'art et peut-on être indifférent à l'art ?
• L'homme crée, pas l'animal. L'art est une activité artistique, une créa¬tion. Pourquoi ce besoin ? Que nous dit l'art ?
n Problématique
L'homme a des besoins naturels, comme tout
animal : il ne peut pas vivre sans boire, sans manger, sans assouvir ses besoins primaires. Il ne semble pas avoir besoin de l'art. À qui donc, alors, l'art parle-t-il ? Si l'art cherche à toucher tout le monde, y parvient-il ?
n Organisation du plan
1. L'art est une activité créatrice, spécifiquement humaine. C'est par cette activité que l'homme s'émancipe de la nature. Il n'existe pas de
société sans activité artistique. L'art n'apparaît pas comme un luxe, mais comme la définition ontologique de l'homme.
2. Cette activité universelle parle, par définition, à toute l'humanité, puisque chaque
homme est un être doué de
raison et de sensibilité.
3. S'il arrive que certains d'entre nous soient sourds à l'appel de l'art, ce n'est pas qu'ils manquent de sensibilité, mais sans doute d'une cer¬taine éducation. Percevoir n'est pas suffisant.
Connaissances :
Peut-on apprendre à aimer une oeuvre d'art?
• apprendre : acquérir une
connaissance par un
travail intellectuel ou par l'expérience, être initié, enseigner.
• aimer : éprouver de l'affection, de la sympathie, de l'amour ; avoir du goût pour quelque chose, s'intéresser.
• oeuvre d'art : oeuvre qui manifeste la
volonté esthétique d'un artiste.
n Recherche des idées
• « Apprendre à aimer » signifie qu'il faut passer par un intermédiaire pour accéder à l'art, par un enseignement. Pourtant, on dit que le rap¬port avec une oeuvre d'art est émotionnel : il passe par la sensibilité et non par l'entendement. Je ressens la
beauté d'une oeuvre d'art : il s'agit là d'une
expérience sensible qui parle au corps, d'une
expérience non conceptuelle.
• « Apprendre à aimer » signifie que je pourrais me tromper, me four¬voyer : il y aurait en quelque sorte un bon et un mauvais goût. L'enseignement consisterait à apprendre le bon goût. Mais qu'est-ce que ce bon goût ? Qui en décide ?
• Le
sujet soulève un paradoxe : on dit communément que l'art est accessible à tous sans préparation particulière mais, en même temps, on affirme que certaines oeuvres sont des oeuvres d'art et pas d'autres, cer¬taines ayant le
droit d'être magnifiquement mises en valeur dans des expositions ou des musées. Un chef-d'oeuvre n'existe-t-il pas que par l'émotion qu'il produit ?
Peut-on apprendre à être ému ? Qui peut enseigner l'émotion devant une oeuvre d'art ? Peut-on me reprocher d'aimer un objet qui n'est pas considéré comme une oeuvre d'art ? N'est-ce pas plutôt une question de
culture et de classe sociale ?
1. Devant une oeuvre d'art, l'émotion est première. Mais n'est-elle pas conditionnée par notre culture, notre milieu social, notre éducation ?
2. Qu'est-ce que lejugement esthétique ? S'il passe toujours par la sen¬sibilité, comment apprendre à être sensible devant une oeuvre d'art ? Apprend-on à aimer le
beau ?
3. L'universalité du
beau dont parle Kant est-elle toujours d'actualité ?
Les sentiments, les émotions, nous envahissent, nous transportent, nous ravissent, immédiatement. Nous n'avons pas besoin d'apprendre à pleurer, à rire, même si nos façons de rire et de pleurer sont sociale¬ment marquées (on rit plus ou moins fort selon que l'on est de tel ou tel pays,
homme ou femme, etc.). Pourquoi, alors. devrait-on apprendre à aimer une oeuvre d'art qui, par définition, s'adresse directement au sen¬timent ?
Quel est le rôle de la
culture dans la formation du goût ? Peut-on nous reprocher de ne pas avoir de goût, et par rapport à quoi ?
Aimer une oeuvre d'art, c'est d'abord être touché par cette oeuvre, ressentir du plaisir. Nul besoin, semble-t-il, d'une
connaissance parti¬culièree pour être ravi par une oeuvre. Mais qu'est-ce qu'une oeuvre d'art ? Comment distinguer une oeuvre d'art d'un produit commer¬cial ? Puis-je commettre une faute de goût ? Que vaut mon goût s'il existe un
vrai goût ? Bref, qu'est-ce que le goût ?
Est-ce le goût dominant ? Mais le goût dominant n'est pas néces¬sairement du bon goût. Il y a des goûts de classe, comme l'ont bien montré Marx et la sociologie. Mon goût est déterminé par ma forma¬tion : il n'y a, dit Pierre Bourdieu, que des goûts socialement formés. Le mauvais goût apparaît alors comme une simple ignorance de la cul¬ture dominante. Or, l'accès à la
culture est affaire de connaissance. On peut apprendre une nouvelle culture, découvrir son histoire. Quelqu'un qui ne s'intéresse qu'au hip-hop peut apprendre et découvrir l'histoire de la musique classique ; et quelqu'un qui aime les tableaux de Manet peut apprendre l'histoire des graffiti et des tags, par exemple. Mais apprendre ne signifie pas nécessairement aimer ce qu'on apprend. Néanmoins, faire l'effort d'apprendre, c'est déjà .aller vers l'autre, s'ou¬vrir au monde, engager de nouveaux rapports.
L'accès à la
culture est certes affaire de
connaissance mais aussi d'expérience, dit Kant : le jugement de goût ne s'apprend pas, il se forme par entraînement, expérience.
Il ne faut pas ignorer la
culture et son histoire, cela s'apprend. Mais l'oeuvre d'art est une rencontre, et l'émotion reste un critère privilégié d'accès à l'oeuvre. Néanmoins, si, comme le pense Kant, la contempla¬tion esthétique réconcilie les hommes, elle parle d'abord à un « public éclairé ». On ne peut donc pas dissocier l'expérience esthétique d'une certaine
connaissance et donc d'un enseignement. Cet enseignement se
fait en fréquentant les oeuvres les plus diverses. Finalement, c'est avant tout la fréquentation des oeuvres elles-mêmes qui nous apprend le mieux à les aimer.
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Citations sur l'art doit-il être populaire? :
Chaque fois qu’on produit un effet, on se donne un ennemi. Il faut rester médiocre pour être populaire. -
Oscar Wilde
La représentation compréhensive doit aussi être conforme à la chose elle-même. De plus, elle doit être imaginée et imprimée dans le sujet, de manière à ce que toutes les particularités des objets puissent être reproduites avec art. -
Sextus
Tout homme doit être poli ; mais il doit aussi être libre. -
Charles de Secondat
Mon idéal politique est l'idéal démocratique. Chacun doit être respecté en tant que personne, et personne ne doit être divinisé. -
Albert Einstein
S'il veut être en paix avec lui même, un musicien doit faire de la musique, un peintre doit faire de la peinture, un poète écrire. -
Abraham Maslow