L’homme a déclaré la guerre à la nature, il la cessera ou la perdra.
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Un début de problématisation ...
Problème : l’homme peut-il se rendre comme maitre et possesseur de la nature comme l’affirme Descartes, autrement dit, y a-t-il un
réel pouvoir du technicien et peut-on penser l’état de nature ?
Texte à lire :
Se rendre comme maître et possesseur de la nature
" Sitôt que j'eus acquis quelques notions générales touchant la physique, et que commençant à les éprouver en diverses difficultés particulières, j'ai remarqué jusque où elles peuvent conduire, et combien elles diffèrent des principes dont on s'est servi jusqu'à présent, j'ai cru que je ne pouvais les tenir cachées sans pécher grandement contre la loi qui nous oblige à procurer, autant qu'il est en nous, le bien général de tous les hommes. Car elles m'ont
fait voir qu'il est possible de parvenir à des
connaissances qui soient fort utiles à la vie, et qu'au lieu de cette
philosophie spéculative, qu'on enseigne dans les écoles, on peut en trouver une pratique, par laquelle connaissant la force et les actions du feu, de l'eau, de l'air, des astres, des cieux et de tous les autres
corps qui nous environnent, aussi distinctement que nous connaissons les divers métiers de nos artisans, nous les pourrions employer en même façon à tous les usages auxquels ils sont propres et ainsi nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature. Ce qui n'est pas seulement à désirer pour l'invention d'une infinité d'artifices, qui feraient qu'on jouirait, sans aucune peine, des fruits de la terre et de toutes les commodités qui s'y trouvent, mais principalement aussi pour la conservation de la santé, laquelle est sans doute le premier bien et le fondement de tous les autres biens de cette vie.
Descartes, Discours de la méthode, 6ème partie.
Pistes à suivre :
q Les Essais de Montaigne pourront être largement exploités.
On se rapportera au Traité de la nature humaine, de Hume, II, I, 3, qui peut en particulier sensibiliser à la thématique du voyage. Le thème de la sympathie pourra égale¬ment jouer un rôle dans l'élaboration de ce propos.
q On pourra donner au
sujet une consonance morale, par exemple en se rapportant à la Généalogie de la
morale de Nietzsche.
Indications de lecture
∑ Descartes, Discours de la méthode, 1637, 6'1 partie.
∑ Friedmann, Le Travail en miettes, 1964, (Idées).
∑ Marcuse, L'Homme unidimensionnel, 1968, Ed. de Minuit.
Heidegger, « La question de la
technique », Essais et conférences, 1958, Gallimard.
NATURE La nature semble au premier abord désigner ce qui existe en dehors du monde humanisé, transformé par l'homme: inséparable du milieu artificiel qu'il s'est créé, ce dernier la perçoit volontiers comme la
réalité extérieure à la culture* et à la civilisation. Il est
vrai que la nature, dans un premier sens, est ce qui existe spontanément et, dans un être, ce qui constitue le principe de son développement autonome. Dans cette mesure, le monde naturel est bien ce qui existe indépendamment des intentions et des efforts de l'homme. Cependant, l'homme peut aussi être considéré comme un être naturel. Une ambiguïté résulte d'ailleurs de ce sens: la nature humaine désigne ce qui est commun à tous les individus, tandis que la nature d'une personne peut aussi désigner ce qui singularise l'individu, son tempérament, et éventuellement ses dispositions ou aptitudes innées*, opposés aux acquis de son éducation*. L'étymologie du mot nature, natura, du verbe latin nascor, "naître", nous rappelle que la nature est aussi ce qui préexiste à l'homme, ce qui dans l'humanité est spontané et originel. Doit-on considérer que ce donné originel constitue la nature humaine, au sens de définition des caractères essentiels de l'homme? Alors, la société*, la technique*, autrement dit tout ce qui résulte de l'activité humaine doit-il être exclu de cette définition ou y être inclus, et reconnu comme naturel à l'homme? Ceci nous ramène à la question: au nom de quoi disons-nous qu'un être est naturel? -L'analogie de la nature et du
travail C'est par analogie avec le
travail humain qu'Aristote* définit les êtres naturels: tout d'abord la nature (phusis) n'est pas une chose, mais un principe: elle est un principe de mouvement et de repos. L'artisan qui fabrique un objet, possède en
pensée une idée de cet objet, agit selon un but qui est la réalisation de cette forme, et il est donc la cause de l'objet, son origine et l'agent qui le porte à l'existence. Les êtres naturels obéissent à un mouvement spontané; l'autonomie locomotrice des
animaux en
fait partie, mais aussi la croissance qui les amène à une forme définie, et est suivie d'un déclin. La nature occupe, pour les êtres naturels, la position de l'artisan pour les objets fabriqués: les premiers ont en eux-mêmes le principe de leur mouvement et de leur arrêt, les seconds l'ont à l'extérieur d'eux-mêmes. Une autre forme d'analogie peut être trouvée dans le mécanisme* de Descartes*: la
physique devrait s'organiser selon les mêmes lois que la technique*, qui est le modèle de la nature: les
animaux sont des machines*, les fonctions physiologiques sont analogues à l'action des tuyaux et des ressorts... Dieu* est un artisan plus parfait, et la nature se borne à agir selon les lois qu'il a instaurées au départ. Cette conception a comme corollaire l'idée que la nature est entièrement maîtrisable: connaître ses lois, c'est la dominer, comme l'objet
technique est dominé, pour la mettre au service des intérêts humains: nous pourrions "nous rendre comme maîtres et possesseurs de la nature", dit Descartes. Seul l'homme peut poursuivre des fins*, en connaissant le déterminisme* naturel. -La nature comme origine et comme valeur Cependant, n'y a-t-il pas une certaine présomption à croire que la nature est ainsi en notre pouvoir? En dépit de l'optimisme des Lumières*, Jean-Jacques Rousseau* estime que la domination de la nature n'augmente pas notre bonheur* et notre liberté*. En effet, pour lui, la nature n'est pas seulement la
matière et l'étendue qui s'offrent à la compréhension d'un
esprit rationnel. L'homme, par son ingéniosité et son travail, l'a transformée au point de la rendre méconnaissable. L'homme lui-même et ses facultés n'échappent pas à ce processus de transformation. Comme notre corps* ne peut plus se satisfaire de la simplicité des origines, nos désirs* nous éloignent des vrais besoins et notre amour-propre nous conduit à bannir l'égalité de notre
vie sociale: loin de considérer que les lois de la
société ou de l'économie sont naturelles, contrairement à certains de ses contemporains, Rousseau
fait de la nature une notion critique: origine perdue mais que la raison* peut reconstituer, elle est le modèle au nom duquel les errements des individus et de la
société peuvent être dénoncés. Ainsi la pitié*,
sentiment spontané de sympathie envers la souffrance, est-il une trace de l'origine qui se manifeste de façon spontanée, mais aussi un caractère fondamental de l'homme, qui résiste à l'habitude, issue de l'histoire*, de supporter la vue de la pauvreté par exemple. Lucrèce* disait déjà que la
connaissance de la nature devait nous permettre la
connaissance de la
réalité même, par opposition aux chimères issues de notre
esprit trop prompt à croire qu'il existe des forces surnaturelles. Elle libère dans la mesure où elle nous approche de la réalité. Actuellement, la réflexion issue de l'écologie*, comme étude des équilibres naturels, nous rappelle que la
connaissance de la nature ne nous donne pas seulement la
conscience du
pouvoir de l'homme, mais aussi celle de ses limites (cf. Hans Jonas).
LA CULTURE
DANS SON USAGE COURANT, LE MOT «CULTURE» renvoie à l'ensemble des activités de l'homme en tant que celles-ci supposent la réflexion. La
culture commence donc dès qu'un être
vivant commence à aménager son milieu environnant selon des intentions qui ne sont pas fixées seulement par les déterminismes naturels. Si certains
animaux semblent capables de ce type d'activité, c'est l'homme qui, par excellence, se montre le mieux à même de déployer l'ensemble des activités culturelles, à commencer par celles qui tournent autour de l'invention des premiers outils. Venant du latin colere, qui signifie «habiter, cultiver», cultura désignant l'action de cultiver la terre, le terme de «culture» prend une signification plus étendue pour renvoyer à l'ensemble des activités par lesquelles l'homme s'est donné les moyens d'instaurer avec la nature et lui-même une relation réfléchie et libre. En un sens plus restreint, la
culture désigne l'ensemble des secteurs non directement
techniques ou productifs de la société, comme la création ou la diffusion des oeuvres littéraires et artistiques, ainsi que les lieux (comme les musées) où sont conservés les oeuvres du passé et le patrimoine. Par ces activités, l'espèce humaine acquiert un savoir, des
connaissances et une
culture susceptibles d'être constamment enrichis.
C'est en apprenant peu à peu à maîtriser diverses sortes d'activités que s'est formée la
culture humaine. Tout au long du processus d'hominisation, l'homme a vu s'affiner ses modes de
communication pour en venir finalement à inventer le langage. Chaque individu doit, à son tour, dès les premiers mois de la vie, passer par l'apprentissage d'une langue, c'est-à -dire réaliser cette fonction du
langage qui est condition d'accès à la dimension symbolique de l'existence humaine. C'est parce que l'homme est susceptible de vivre son rapport à la
réalité en lui donnant un sens symbolique que l'humanité accède à la dimension productrice de formes symboliques qu'on appelle
culture (Le langage). Mais d'autres activités permettent à l'homme de manifester ses aptitudes à la culture, comme l'art, reflet de sa relation au monde intérieur de ses affects, ses vécus ou ses
pensées et expression de la
réalité extérieure (L'art). C'est aussi le cas du
travail et de la
technique qui ont permis à l'homme de se libérer par bien des aspects de sa dépendance initiale à l'égard de la nature tout en formant sans doute d'autres formes d'aliénation (Le
travail et la technique). La maîtrise
technique n'est qu'un des aspects de la relation de l'homme au monde. Homo laborans et homo faber, il est aussi
homme en ce qu'il est capable de rendre un culte: homo religiosus qui a forgé croyances, légendes, récits, mythes et
religions qui sont autant de manière de se tenir dans le monde (La religion). Ce sont là autant de formes créant les conditions de possibilité d'une
conscience historique. Le résultat de ces progrès de la
culture est en effet d'avoir permis à l'homme, à un moment de son développement, de dépasser le stade de la préhistoire, pour accéder à celui de l'histoire (L'histoire).
q
Les références anthropologiques seront évidemment à exploiter. On pense en parti¬culier à Claude Lévi-Strauss, Anthropologie structurale, Plon, Paris, 1958-1973.Est-il légitime de parler d'un
pouvoir de la
technique ?
La question ne porte pas essentiellement sur les
pouvoirs de la technique, ni sur la légitimité de ses
pouvoirs : on serait hors
sujet si l'on ne considérait que ces points. La réflexion doit être centrée sur la légitimité d'une expression ; en effet, on parle couramment des «
pouvoirs des la
technique », pour s'en réjouir ou s'en inquiéter, et il faut ici se demander si une telle formule a un sens, si elle est justifiée, si l'on a
raison de l'utiliser.
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"Avec le monde a commencé une guerre qui doit finir avec le monde et pas avant : celle de l'Homme contre la nature, de l'esprit contre la matière, de la liberté contre la fatalité. L'Histoire n'est pas autre chose que cette interminable lutte." -
L'histoire
peut on faire la guerre au nom des droits de l'homme -
La justice et le droit
Citations sur L’homme a déclaré la guerre à la nature, il la cessera ou la perdra. :
Les thèses caractéristiques d'une philosophie de la guerre peuvent être regroupées en plusieurs types d'argumentations. Le premier est d'ordre anthropologique, et il considère que la guerre fait partie de la nature humaine. Le deuxième est d'ordre politique, et il considère que toute politique se fonde sur la guerre et se justifie par la guerre. Le troisième allègue les lois de la vie ou les lois de l'histoire, et il considère que la guerre est créatrice de valeur d'ordre ou de justice. -
Castillo
Tu brûles d'impatience de faire la guerre? Commence par examiner ce qu'est la nature de la paix et celle de la guerre, les avantages et les désavantages qu'entraînent à leur suite ces deux modes d'activité, tu te demanderas alors, après mûre réflexion, s'il est avantageux de remplacer la paix par la guerre. -
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L'origine de la guerre est la propriété, individuelle ou collective, et comme l'humanité est prédestinée à la propriété par sa structure, la guerre est naturelle. L'instinct guerrier est si fort qu'il est le premier à apparaître quand on gratte la civilisation pour retrouver la nature. -
Henri Bergson
Guerre intestine de l'homme entre la raison et les passions... ayant l'un et l'autre, il ne peut être sans guerre, ne pouvant avoir la paix avec l'un qu'ayant guerre avec l'autre: ainsi il est toujours divisé et contraire à lui même. -
Pascal
Quand un imbécile fait quelque chose dont il a honte, il déclare toujours que c'est son devoir. -
George Bernard Shaw