Pourquoi recherchons-nous la science ?
Sujets / La raison et le réel / Le savoir /
Un début de problématisation ...
On peut comprendre le
sujet sous al forme « pourqoi faut-il préférer le savoir à l'ignorance, la
vérité à l'illusion ? Pourquoi faut-il rechercher le savoir ?
Le verbe « préférer » recèle au moins une ambiguïté : s'agit-il de laisser parler nos
sentiments (dans ce cas, notre préférence ira sans doute toujours à l'illusion) ou d'effectuer un choix rationnel (dans ce cas, la
raison peut-elle ne pas choisir la
vérité ?) ? Dans les deux cas, il semble que les jeux soient
faits d'avance... Or le
sujet suppose qu'il y ait lieu de choisir entre deux termes : ce qui signiÂfie d'une part que ces deux termes soient en concurrence, donc qu'ils aient quelque chose de commun ; d'autre part, qu'il y ait des raisons ou des mobiles de prĂ©fĂ©rer l'un plutĂ´t que l'autre : il faut alors expliciter les critères en fonction desquels notre
préférence va à l'un plutôt qu'à l'autre.
A lire
SCIENCE ET ÉPISTÉMOLOGIE: rapport mesurable, universel et constant établi entre les phénomènes naturels (ex.: "la loi de la chute des corps").
La loi, au sens juridique ou au sens moral pose une obligation: elle est de l'ordre de la règle*. La loi, au sens scientifique, décrit une relation qui ne comporte jamais d'exception; elle est de l'ordre de la nécessité* Toutefois, la loi juridique, dans la mesure où elle se distingue du simple décret, présente un caractère de généralité et d'abstraction tout comme la loi au sens scientifique. Comme le souligne Rousseau* au chapitre 2 du livre I _Du Contrat social_, la loi est générale par son objet et par sa source: par son objet, car la loi ne statue pas sur un individu, mais sur des règles générales de
vie sociale qui s'imposent à tous; par sa source, car elle ne résulte pas de la
volonté particulière d'un individu, ni même de celle d'une majorité d'individus, mais de la
volonté générale de tous, abstraction faite de leurs intérêts privés. De même, pour Kant*, la loi
morale revêt par définition un caractère d'universalité. Elle ne prescrit en effet aucun devoir* particulier, mais est la raison* pratique elle-même en tant qu'elle s'impose à l'homme par sa forme*, qui est l'universalité. Sa formule est: "Agis de telle sorte que la maxime de ta
volonté puisse toujours valoir en même
temps comme principe d'une législation universelle" (_Critique de la
raison pratique_, Première partie, livre I). Mais tandis que l'universalité qui caractérise la loi au sens scientifique est une universalité donnée, l'universalité qui caractérise la loi
morale est seulement exigible mais comporte en elle-même la possibilité de sa transgression. C'est que la loi scientifique appartient au domaine de la nature, la loi humaine au domaine de la liberté.
TERMES VOISINS: impératif; norme; obligation; règle. TERME OPPOSÉ: arbitraire. CORRÉLATS: institution; légalité; obligation; ordre; pouvoir; règle; république; science;
volonté générale.
SCIENCE
(n. f.) ÉTYM.: latin scientia, dérivé de scire, "savoir". SENS LARGE: synonyme de savoir en général, et même d'habileté
technique (on dira d'un militaire qu'il a la "science des armes"). CHEZ LES GRECS (ÉPISTÊMÊ):
connaissance à la fois éminente (c'est un savoir supérieur), universelle (elle s'oppose aux
opinions particulières) et théorique (elle diffère des savoir-faire pratiques): la
philosophie est cette science suprĂŞme. CHEZ LES MODERNES:
connaissance scientifique positive (la science expérimentale"), qui repose sur des critères précis de vérification permettant une objectivité des résultats.
La
philosophie des sciences (ou épistémologie) pose plusieurs problèmes:
1. Le problème de la démarcation. à quoi reconnaît-on qu'une
connaissance est scientifique? La réponse la plus simple est: à la possibilité de la contrôler par des
faits (cf. Expérimentation). On dispose alors d'un critère de distinction entre science et non-science. Par exemple, la
philosophie ne serait pas une science, contrairement à ce que pensaient les Grecs, parce que ses arguments, même s'ils sont rationnels, échappent au contrôle expérimental.
2. L'unité de la science. Doit-on parler de la science ou des sciences? Il existe plusieurs spécialités scientifiques; la science est donc multiple dans ses objets. Mais elle possède une unité de méthode, sans quoi on ne pourrait pas définir un critère général distinguant la science de la non-science.
3. La classification des sciences. L'unité de méthode n'empêche pas de classer les sciences selon leur objet; ex.: le tableau encyclopédique d'Auguste Comte* (cf. Positivisme). Cette unité ne concerne d'autre part que les sciences expérimentales. N'existe-t-il pas d'autres types de sciences?
On peut, en fait, distinguer trois types de sciences:
1. Les sciences expérimentales ou empiriques. Elles se rapportent à des objets donnés dans l'expérience et se valident par des contrôles expérimentaux.
2. Les sciences "formelles". Ce sont les mathématiques et la logique, fondées sur la déduction* à partir d'axiomes*. Dans ce domaine, il n'y a aucun besoin de vérification expérimentale. On peut même discuter ici du nom de "science", puisque, purement formelles, les mathématiques et la logique n'ont pas d' objet extérieur à leur construction.
3. Les sciences humaines (histoire, sociologie, psychologie, etc.). Leur statut est très controversé. Soit on considère, avec le positivisme* que, si elles méritent le nom de sciences, on peut leur appliquer les méthodes et le
langage de la science expérimentale: elles se ramènent alors à un cas particulier de celle-ci, à côté des sciences de la nature. Soit on pense au contraire, avec le philosophe allemand Wilhelm Dilthey* (1833-1911), qu'il y a lieu de distinguer entre "sciences de la nature" et "sciences de l'esprit" et donc que, en vertu de la particularité de leur objet (l'homme), les sciences humaines relèvent d'un autre type de démarche, fondée non sur la vérification expérimentale mais sur l'interprétation des intentions humaines (cf. Herméneutique).
TERMES VOISINS: connaissance, savoir. TERMES OPPOSÉS: ignorance; opinion; superstition. CORRÉLATS: certitude; comprendre; expérience; expliquer; falsifiabilité; interpréter; positivisme; preuve; psychologie; raison; sociologie.
SAVOIR
(v. et n. m.) ÉTYM.: latin sapere, "avoir de la saveur", d'où "avoir de la pénétration", puis "comprendre", "savoir*". SENS ORDINAIRE ET PHILOSOPHIQUE: ensemble de
connaissances précises et solides dans un domaine donné.
Le plus souvent les verbes savoir et connaître sont synonymes (et signifient "être instruit sur la nature -ou dans la pratique- de quelque chose"), ce qui n'est pas toujours le cas des substantifs savoir et connaissance. Plus vaste que la connaissance, qui porte en général sur des objets précisément définis, un savoir peut être constitué par l'ensemble organisé des informations disponibles dans un domaine donné (savoirs scientifiques), ou par la maîtrise conjointe d'un ensemble d'informations et des actions dont elles induisent la capacité (savoir-faire; ex.: "la natation"). Dans un texte philosophique, le savoir peut aussi désigner l'ensemble des connaissances, des discours, des pratiques, des méthodes d'investigation, accumulés par l'humanité au cours de son développement. Le savoir s'oppose à l'ignorance, aux opinions* et aux croyances*, mais ne se réduit pas pour autant aux seules
connaissances rationnelles: la
connaissance sensible, l'observation, l'expérience contribuent pour une large part à la formation de nos savoirs. Presque tous les philosophes se sont interrogés sur la nature, les conditions de possibilité, les différentes formes du savoir.
TERMES VOISINS: connaissance; science. TERMES OPPOSÉS: croyance; ignorance. CORRÉLATS: connaissance; démonstration; préjugé; preuve; raison; sciences cognitives; vérité.
La valeur des apparences selon Nietzsche
D'après Nietzsche, l'homme est pour le moins enclin à confondre son besoin de croire à quelque chose avec une quête de vérité. En effet, « croire, c'est tenir pour
vrai ». Or, pour vivre et pour agir, nous avons sans cesse besoin de croire. Ce que nous appelons «
vérité », ce sont donc les croyances dont nous avons besoin, en tant qu'individus ou en tant qu'espèce. La
vie se nourrit d'illusions vitales, de croyances auxquelles il nous faut croire, non parce qu'elles sont vraies, mais parce qu'elles sont nécessaires à la vie. Il se pourrait donc que l'idée même de
vérité soit notre plus ancienne erreur, notre seule erreur. Elle nous conduit, depuis Platon au moins, à disqualifier le témoignage de nos sens pour chercher, derrière les apparences, un « monde
vrai », une vérité. C'est pourquoi Nietzsche peut s'écrier : « l'art a plus de valeur que la
vérité », parce que l'art nous désapprend à aller chercher derrière les apparences, il nous réapprend à jouir des apparences sans rien aller chercher au-delà . Si la
vie est un pur jeu avec les apparences, alors l'art seul lui est fidèle, plus que la science ou la philosophie. « L'art au serÂvice de l'illusion : voilĂ notre culte ! » (Nietzsche)
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La science ne peut rien nous prescrire, pas mĂŞme de cultiver la science. -
Boutroux
Nous affirmons que ce que nous recherchons pour soi est plus parfait que ce qui est recherché pour une autre fin; et le bien qu'on ne choisit jamais qu'en vue d'un autre n'est pas si souhaitable que les biens considérés à la fois comme des moyens et comme des fins... Le bien parfait est ce qui doit toujours être possédé pour soi et non pour une autre raison. (Ethique de Nicomaque, I, VII)
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