Si la technique est libératrice, de quoi nous libère-t-elle ? (BAC ES 1999)
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Un début de problématisation ...
Si la
technique est libératrice, de quoi nous libère-t-elle?
n Mots clés
• technique: du grec teknikos, «qui a un rapport au métier, à l'art ». Ce mot est apparu en français vers le xvIIIe siècle, lorsque le mot
art est devenu synonyme de beaux-arts. La
technique est un savoir-faire. Aujourd'hui, la
technique en général désigne l'univers industriel et ses produits qui ont profondément bouleversé notre cadre de
vie depuis un siècle. – Heidegger a donné un sens plus abstrait au mot
technique il désigne les rapports que les
hommes entretiennent avec le monde depuis Galilée, Descartes, Newton, ce qui entraîne que les seules
connaissances que nous puissions avoir tiennent d'une mathématisation de l'univers. Depuis le xvIIe siècle, le monde est mesuré, mais le sens du monde est absent. La technique, au sens heideggérien, englobe la science et une grande partie de la philosophie.
• libérer : mettre en liberté, relâcher, dégager, affranchir, délivrer.
n Recherche des idées
• L'intitulé du
sujet s'adresse directement à nous : il sous-entend que nous sommes peut-être prisonniers, esclaves, en tout cas que nous sommes dans une situation de dépendance. La
technique nous délivrerait de cette dépendance. De quelle dépendance s'agit-il ?
• Pourtant, l'opinion commune porte des jugements contradictoires sur la
technique : elle admire les innovations
techniques (TGV, Internet) mais a peur des conséquences (Tchernobyl, les biotechnologies, les OGM, etc.). Elle associe la
technique aussi bien à une libération qu'à un nouvel esclavage. Réfléchissez à ce paradoxe.
• Le « de quoi » indique qu'il s'agit bien de quelque chose et non d'individus, puisqu'on ne pose pas la question « de qui ».
LA QUESTION DE LA TECHNIQUE
Spontanément opposée à la nature, la
technique recouvre aussi bien l'activité que les résultats de la transformation par l'homme de la nature. En rapport avec le
travail au service duquel elle se met, la
technique s'en distingue comme l'outil se distingue de celui qui le manie. Quels enjeux autres que ceux du
travail peut-elle alors poser? Quel intérêt autre que pratique y a-t-il à l'interroger? Ce thème ne se prête-t-il pas exclusivement à un questionnement technique, échappant par là au souci philosophique? Les difficultés que pose la
technique sont celles de son efficacité, et le comment dont elles relèvent n'intéresse pas le philosophe.
Qui ne voit cependant les multiples implications épistémologique,
morale et métaphysique que recèle l'étude du faire et de la poiesis? En tant qu'activité humaine, c'est-à -dire rationnelle et intentionnelle, la
technique peut être l'objet d'une quadruple interrogation : quelles sont ses conditions de possibilité ; est-elle par sa fin proprement humaine ; à quelle règle
morale peut-elle être soumise; quel est son projet fondamental et comment s'articule-t-il à celui de l'existence?
Que le caractère scolaire de ces questions ne nous trompe pas. Posées a priori, elles trouvent la confirmation de leur pertinence dans les débats contemporains que l'extension de l'univers
technique suscite. C'est, en effet, un constat bien commun que celui de la place croissante que les artefacts et machines occupent dans nos vies. Avant de juger le pourquoi de ce phénomène et les limites qu'il conviendrait de lui don¬ner, c'est sur le comment qu'il faut d'abord se pencher.
Quelle loi préside à l'émergence et au perfectionnement de la technique? Est-ce celle du savoir désintéressé ou celle de la recherche d'efficacité? Tout
pouvoir se mesurant à un savoir, la première question est relative à son rapport avec la science : « La
technique n'est-elle qu'une application des
connaissances scientifiques ?» L'agir comme le faire ne pro¬cèdent pas de l'instinct, pour la simple
raison que l'homme n'a pas d'instinct au sens strict. Ils trouvent donc l'un et l'autre leur règle dans la
raison pratique,
raison ordonnée à l'action. Est-ce donc dans les progrès de la
connaissance scientifiques de la nature qu'il faut chercher ceux de la technique? Mais la science et son usage ne coïncident pas nécessairement. L'histoire des
techniques atteste d'un décalage entre
théorie et applications, décalage observé dans les deux sens : les arts précédèrent comme suivirent la science. Un mobile doit donc intervenir pour rendre pratiques les
connaissances scientifiques. Quel est-il? Celui d'accroître notre
pouvoir sur la nature suffit-il à expliquer la possibilité même de l'application de la science? Mais quelle doit être la science pour être applicable? Si par ailleurs c'est le souci d'efficacité qui meut et mobilise le savoir, la
technique ne sera plus une simple application de la science. Une fois larguée la primauté de la
connaissance scientifique, que devient la technique? Une routine instinctuelle?
TECHNIQUE
Comme le mot grec technê, "art", "habileté", "technique", dont il est dérivé, le mot
technique est d'abord synonyme d'art*, au sens de savoir-faire dont la mise en oeuvre permet d'obtenir volontairement un résultat déterminé. Ce savoir-faire peut dériver soit de l'expérience* ordinaire et de l'imitation, soit de la
connaissance de règles d'action codifiées, soit d'un savoir* scientifique. À la différence de l'activité artistique proprement dite, dont la finalité esthétique* est désintéressée, la
technique vise l'utilité et l'efficacité. Source et condition de la maîtrise de la nature par l'homme, la
technique fait pourtant, et de plus en plus, l'objet de nombreuses critiques: ses conséquences sur la
vie et la nature inquiètent, sa puissance s'exercerait au détriment de celle de l'homme et de sa pensée, l'irréversibilité de ses progrès* menacerait ses concepteurs eux-mêmes, qui pourraient en perdre la maîtrise.
Par où l'on voit la nécessité d'analyser la spécificité du savoir-faire, ce qui relève en lui du savoir et ce qui relève en lui du faire ; ce qu'est la science expérimentale; et surtout comment, chez elle, s'articulent les problèmes pratiques et les problèmes théoriques. De la lumière faite là -dessus ressortira une meilleure appréciation des vertus intellectuelles requises au déploiement des
techniques comme de celle de la place que la technologie occupe dans l'économie du savoir.
La juste vision de l'essence de la techno-science conduit naturellement à une seconde question : « Peut-on dire, en toute rigueur, qu'il existe une "culture technique" ?» Une fois, en effet, qu'il aura été établi que la
technique tire sa force et sa puissance de la
théorie pure, le rapport de celle-ci à la
culture apparaît. L'intelligence des procédés par lesquels l'homme aménage son monde n'est-elle pas requise à leur usage vraiment humain? Partie intégrante des moeurs et des coutumes, l'infrastructure
technique peut-elle être seulement instrumentale? Ne détermine-t-elle pas notre rapport au monde? Cela suffit-il néanmoins à faire du technicien, de l'historien et du sociologue des
techniques un «homme cultivé»? Parler d'un humanisme de la
technique n'est-ce pas cependant confondre l'homme efficace et l'homme conscient de la valeur des fins auxquelles cette efficacité peut être subordonnée? Et pourtant, la domination de la nature
fait bien partie de la mission de l'homme. La pratique effective de cette domination n'est-elle pas un des sommets de la culture?
Pour répondre, il faudra soupeser la porté humanisante de la
technique comme l'efficience dont l'humanisme est porteur. La
connaissance des procédés
techniques peut-elle être objet de culture? Qu'entendre exactement par «
culture » ?
En précisant le point par où se touchent
technique et culture, on aborde aux rivages de l'éthique, on est introduit dans la sphère des fins à poursuivre et des
devoirs à pratiquer. La puissance, la maîtrise de la nature est-elle une fin droite en elle-même ou doit-elle être mesurée par des impératifs autres que ceux de l'efficacité et de la rationalité? «Tout ce qui est techniquement possible est-il pour autant légitime?» La distinction immédiate de la possibilité et de la légitimité n'a de sens que dans le domaine de l'agir. Cette distinction est-elle encore pertinente dans celui du faire dont les difficultés sont autres que celles de l'agir? Le moraliste est-il autorisé à s'immiscer dans une pratique toute tournée vers le règlement du comment? A quel moment ses recommandations peuvent-elles intervenir? Jusqu'où peuvent-elles aller?
•
n Problématique
Si la
technique a permis à l'homme de survivre, d'améliorer ses conditions de vie, n'a-t-elle pas aussi produit une
société moutonnante, fas¬cinée par les seuls objets ?
Organisation du plan
1. Il est clair que, sans la technique, l'humanité aurait sûrement disparu. La
technique a délivré l'homme des contraintes naturelles et lui a permis d'exploiter la nature.
2. Mais attention ! cette maîtrise est à double tranchant : oublier complètement la nature, c'est oublier que nous sommes une partie d'elle. La détruire, c'est nous détruire.
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La mort est une amie pour les vivants qu'elle libère... -
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Le mystère des choses est la source de toute cruauté à l'égard des hommes... Dans cette perspective la technique est moins dangereuse que les génies du Lieu... La technique nous arrache au monde heideggerien et aux superstitions du Lieu. Dès lors une chance apparaît: apercevoir les;hommes en dehors de la situation où ils sont campés, laisser luire le visage humain dans sa nudité. -
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La démocratie est une technique qui nous garantit de ne pas être mieux gouvernés que nous le méritons. -
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L'histoire nous libère des entraves, des limitations qu'imposait à notre expérience de l'homme notre mise en situation au sein du devenir à telle place, dans telle société, à tel moment de son évolution, -et par là elle devient en quelque sorte un instrument, un moyen de notre liberté. -
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