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Un début de problématisation ...

    Qu’est-ce que le sommeil ?

Problème
Peut-on dire que le rêve n’est qu’une illusion ?
Introduction

La question de ma certitude de ne pas rêver engage le rapport du sujet à autrui et au monde qu'il habite. Il peut, dans un premier temps, nous apparaître que le monde et la certitude d'être au monde nous garantis par la conformité de nos attitudes avec celles d'autrui. C'est le premier critère que nous trouvons de cette certitude, qui nous permet de sortir de l'hallucination. Tandis que le rêve semble nous enfermer dans notre solitude et nous renvoyer à ce qu'autrui ne pourrait jamais partager avec nous.
La certitude de ne pas rêver n'acquiert une importance déterminante que dans la mesure où nous considérons que le rêve est illusion et erreur. Mais cette assimilation du rêve à l'erreur et à l'illusion ne va pas de soi. Interrogeons-nous en particulier sur le rapport à la réalité qui est induit par de telles assimilations.

1. Illusion, utopie et idéal

Nous comprenons que le rêve est aussi ce qui nous arrache à la réalité telle qu'elle nous entoure et telle qu'à la limite elle nous étoufferait. Le rêve est aussi ce qui, pour une part, nous permet de nous projeter en avant et de ne pas être dans le présent le plus strict ni les présences les plus étouffantes. La diffé¬rence entre un rêve et un projet se conçoit de nouveau par rapport à la présence ou à l'absence du monde extérieur et d'autrui dans notre projection. Le projet nous rattache au monde, avec lequel nous allons devoir négocier la réalisation de ce que nous avons en tête, tandis que le rêve nous isole, nous enferme dans une solitude où nous régnons en maîtres sur du vent. Mais la distinction demande peut-être à être affinée. Pensons aux utopies philosophiques, à la Cité idéale du Timée de Platon, ou à l'Utopia de Thomas More. Le philosophe n'entre pas pour autant dans la pratique, ne met pas en œuvre la réalisation de son utopie. Elle n'est donc pas à proprement parler un projet, même si Rousseau est allé jusqu'à formuler un projet de constitution pour la Pologne.
Mais ne faut-il pas commencer par rêver pour se dégager de l'emprise des contraintes que l'on dit réalistes, et que nous dirons être des contraintes techniques, pragmatiques ? Et ces constructions sont-elles pour autant des rêves ? Si nous entendons par là qu'elles sont coupées de la réalité, nous perdons le sens de l'utopie. Ne nous enfermons pas dans la sphère de l'être, en considérant que tout ce qui n'est pas encore, ce qui pourrait être idéalement mais est encore à distance n'a pas de valeur philosophique. Cette ouverture au domaine de la construction idéale demande que nous nous arrachions à l'idée que la réalité est seule digne d'intérêt, et que nous ne la connaissons dans un discours vrai que dans une pers¬pective rationnelle.
2. Le rêve n’est-il pas un mode d’accès au monde ?
C'est la thématique à laquelle nous invite Bachelard dans La poétique de la rêverie. Il développe l'idée que le rêve ne nous éloigne pas du monde mais peut nous disposer à l'accueillir et à le rencontrer.
« Quand un rêveur de rêverie a écarté toutes les « préoccupations » qui encombraient la vie quotidienne, quand il s'est détaché du souci qui lui vient du souci des autres, quand il est vraiment ainsi l'auteur de sa solitude, quand enfin il peut contempler, sans compter les heures, un bel aspect de l'univers, il sent, ce rêveur, un être qui s'ouvre en lui. Soudain un tel rêveur est rêveur de monde. Il s'ouvre au monde et le monde s'ouvre à lui. On n'a jamais bien vu le monde si l'on n'a pas rêvé ce que l'on voyait . »

Pourquoi la rêverie — il est vrai que Bachelard ne parle pas du rêve nocturne, dans lequel nous nous perdons, mais de la rêverie' — nous ramène-t-elle au monde ? Quelle signification donner à cet accès que le rêve nous donne au monde ?
Comprenons que le monde dont parle Bachelard n'est plus le monde que je construis dans ma représentation : « A la formule générale du philosophe : le monde est ma représentation, il faut substituer la formule : le monde est mon appétit. Mordre dans le monde sans autre "souci" que le bonheur de mordre, n'est-ce pas entrer dans le monde ? ». La rêverie ramène le rêveur à lui-même, le sépare des soucis qui lui obscurcissent le monde et la vie et le rend ouvert à un monde qu'il n'est pas question pour lui de construire. C'est cette dimension d'ouverture que nous devons souligner car elle permet de séparer les rivages du rêve de ceux de la folie, qui hantait notre propos depuis les premières analyses.
Ainsi, dès lors que nous séparons la thématique de la rêverie et celle de l'erreur, nous ne comprenons plus pourquoi il faudrait chercher la certitude de ne pas rêver. Pourquoi chercher cette fermeture, pourquoi refuser ce mode d'accès au monde, qui me permet d'entrer en lui, alors même qu'il n'est pas question pour nous de le construire ? Nous sortons ainsi de la crispation sur un sujet seul au monde et tentant de le reconstruire par la seule force de sa raison, pour penser un sujet diffus, dont la rêverie lui offre un mode d'accès apaisé au monde.
3. Comment dépasser cette dualité ?
Nous sommes pour le moment restés soumis à une dualité dont la lecture de Bachelard a remis en cause la validité, dualité du monde du rêve et du monde de la réalité, dualité du sujet et du monde qu'il prend comme objet de sa pensée, dualité de la connaissance, comme seul domaine de la vérité, et de la rêverie, comme règne des illusions et des erreurs.
La rêverie bachelardienne nous invite à dépasser ces oppositions, et la question de la certitude de ne pas rêver perd au fond de son importance. La charge n'est plus aussi déterminante pour le rêveur apaisé qu'elle l'était pour le cartésien qui construisait son existence comme il construisait le monde extérieur.
« Hors du temps, hors de l'espace, devant le feu, notre être n'est plus enchaîné à un être-là, notre moi, pour se convaincre de son existence, d'une existence qui dure, n'est plus obligé à des affirmations fortes, à des décisions qui nous donnent l'avenir des projets énergiques. La rêverie unie nous a rendu à une existence unie . »
Nous comprenons donc que cette question de la certitude de ne pas rêver prend tout son sens et toute sa valeur dans une philosophie rationaliste qui affirme ces dualités. Mais cette philosophie, précisément parce qu'elle pose ces dualités, a du mal à reconstruire la cohérence de notre vie indépendamment du rêve. Elle s'en tient à la thématique de la cohérence, qui manifeste toujours le rêve comme un élément dangereux, toujours soupçonné de traverser notre pen¬sée d'incohérence. Tandis qu'il est possible de penser notre rapport au monde de manière plus apaisée, plus pacifiée, et de ne pas même concevoir le rêve comme un danger.
CONCLUSION
Mais dans cette thématique, où nous nous tournions vers la présence rassurante d'un autre, qui convergeait vers la nôtre et la confortait, lui permettant d'oublier toutes les incertitudes par lesquelles elle pouvait être traversée, nous étions encore dans le cadre d'une vision du rêve comme hallucinatoire. Nous n'avions pas encore détaché le rêve de la folie, de l'hallucination, plus encore que de l'erreur. Le rêve était encore perçu comme un danger; comme un glissement dans un monde incohérent, dans lequel nous risquions toujours de nous perdre. La frontière entre le rêve et la réalité demeurait essentielle, car si nous la franchissions, nous risquions de nous perdre, seuls, dans un monde où personne ne pourrait venir nous rejoindre. Encore une fois, le sujet rendu à sa solitude prenait un risque, et les sujets entre eux consolidaient leur appartenance à un monde rassurant, puisque c'était un monde commun.
Rassurés sur le rêve, dont nous comprenons à présent qu'il n'entre pas nécessairement en opposition avec le réel, à condition que nous passions du paradigme du rêve nocturne à celui de la rêverie, nous pouvons revenir à notre solitude. La solitude du rêveur de la rêverie n'est plus traversée de dangers, puisque toutes les oppositions, toutes les scissions dont nous parlions plus haut, sont écartées et, pour tout dire, abolies. Nous pouvons revenir à notre solitude, et laisser notre rêverie se diffuser dans le monde. Nous ne sommes plus seuls face au monde, mais nous sommes en lui, animés de notre désir d'être en lui. Puisque le rêve et le réel se complètent, s'entretiennent, se nourrissent l'un l'autre, et que nous n'avons plus à trancher.



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Citations sur sommeil :

puce Il n'est pas de douleur que le sommeil ne sache vaincre. - Honoré de Balzac
puce Le rire et le sommeil sont les meilleurs remèdes du monde. - Anonyme
puce Les rêves ont été créés pour qu'on ne s'ennuie pas pendant le sommeil. - Pierre (André Isaac) Dac
puce Dieu accorde quelquefois le sommeil aux méchants afin que les bons soient tranquilles. - Jean-Francois de Saint-Lambert
puce Nous sommes de la même étoffe que les songes et notre vie infime est cernée de sommeil... - William Shakespeare