un citoyen peut-il faire prévaloir son droit de résistance ?
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Un début de problématisation ...
Un citoyen peut-il faire prévaloir son
droit de résistance ?
Problématique :
Quelle est la nature du lien qui nous relie à l'État ? Dans la plupart des cas, nous n'avons pas choisi l'État dont nous sommes membres. Pourtant, la relation qui relie le citoyen à l'État est une des plus fortes qui soient : l'État est censé assurer le respect de ma vie, de ma sécurité et de mes biens, mais il peut aussi légitimement me demander de mettre en péril ma
vie pour le défendre.
Interrogez-vous sur la possibilité et le
droit : sont-ils synonymes ? Ce qui est possible est-il nécessairement autorisé ?
Comment obtenir ce qui nous est dû ? Le
sujet pose la question de l'application du
droit et du rapport entre le
droit et la force dans l'application du droit, voire des
droits du citoyen.
Droit et force sont deux termes qui s'excluent : c'est pour que la violence cesse qu'on instaure le droit. Pensez aux philosophes du contrat » : Hobbes, Rousseau, Kant.
Le
sujet soulève bien un paradoxe : d'une part, le
droit est ce à quoi nous devons obéir ; d'autre part la
droit de résistance implique que nous désobéissions. Peut-on légitimer cette désobéissance ?
Le
droit représente ce qui a été rationnellement décidé, ce qui est légal, et la
droit de résistance représente les pulsions, l'incontrôlé, la puissance
physique éventuellement: il semble paradoxal d'exiger ses
droits par la violence, autrement dit de faire prévaloir son
droit de résistance. La violence même passive peut-elle être légitime ?
Le
droit pose la règle de la légalité de l'État : il pose ce qu'il est juste ou injuste de faire. Le
sujet suppose déjà que nous ayons des
droits mais que ces
droits doivent parfois être exigés par une résistance. Le
droit ne serait-il qu'un rapport de forces ?
A savoir :
Selon Hegel, l'homme est un individu en tant que membre d'une famille, poursuivant des intérêts privés. Il est membre de la
société civile en tant que, sortant de sa famille, il exerce une profession ; à ce titre il est membre d'une corporation à laquelle le relie une communauté d'intérêts. Il est citoyen dans la mesure où, dépassant tant la sphère individuelle privée que la, sphère particulière de sa participation économique, il participe à la
vie de l'État. Il n'est plus 'alors un simple individu visant des buts privés, mais membre de l'État, il dirige sa
volonté directement vers l'universel. En contribuant à élaborer la loi, il veut l'universel comme tel, il veut ce qui s'appli¬quera à tous les citoyens. Sa
volonté accède ainsi à sa plus haute destination. Libérée de la singularité des buts poursuivis dans la famille, de la particularité des buts poursuivis à . travers la
vie économique, elle accède à la
liberté au sens le plus élevé du terme, à la
liberté politique. En effet, la
liberté ne consiste pas simplement dans les
libertés privées (le
fait que l'État n'entrave' pas la
vie privée ou la
vie économique), c'est par-dessus tout la
liberté publique ou politique, la possibilité, pour tout citoyen, de participer à la
vie de l'État en posant, par des lois, l'avenir que le peuple veut ériger. En exerçant sa citoyenneté, l'homme hisse sa
volonté jusqu'à un contenu universel : la loi
Saint Thomas d'Aquin
admet que l'on peut, dans certaines conditions, passer outre la loi des
hommes (donc se révolter contre elle) pour satisfaire d'abord à la loi de Dieu :
« En effet rien de ce qui est de
droit humain ne saurait déroger à ce qui est de
droit naturel ou de
droit divin. Or selon l'ordre naturel institué par la divine Providence, les réalités inférieures sont subordonnées à l'homme, afin qu'il les utilise pour subvenir à ses besoins. Il en résulte que le partage des biens et leur appropriation selon le
droit humain ne supprime pas la nécessité pour les
hommes d'user de ces biens en vue des besoins de tous. Dès lors, les biens que certains possèdent en surabondance sont destinés, par le
droit naturel, à secourir les pauvres. C'est pourquoi saint Ambroise écrit :'« Le pain que tu gardes appartient à ceux qui ont faim, les vêtements que tu caches appartiennent à ceux qui sont nus et l'argent que tu enfouis est le rachat et la délivrance des malheureux. » Or le nombre de ceux qui sont dans le besoin est si grand qu'on ne peut pas les secourir tous avec les mêmes ressources, mais chacun a la libre disposition de ses biens pour secourir les malheureux. Et même, en cas de nécessité évidente et urgente, où il faut manifestement prendre ce qui est sous la main pour subvenir à un besoin vital, par exemple quand on se trouve en danger et qu'on ne peut pas faire autrement, il est légitime d'utiliser le bien d'autrui pour subvenir à ses propres besoins ; on peut le prendre, ouvertement ou en cachette, sans pour autant commettre réellement un vol ou un larcin. » (Somme Théologique).
Le
droit à la résistance, un
droit de l'homme ?
n C'est dans cette perspective que la Déclaration des
droits de l'homme et du citoyen de 1789 considère dans une certaine mesure la révolte comme un
droit de l'homme. Son article 2 énonce en effet que « les
droits de l'homme sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression ». Et la Déclaration de 1793 dira dans son article 35 que « quand le gouvernement viole les
droits du peuple, l'insurrection est pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des
droits et le plus indispensable des
devoirs ».
n Mais de tels «
droits » ont-il réellement un sens ? Car ces
droits de « résistance à l'oppression » ou d'«insurrection » ne sont bien entendu valables au regard du
droit positif qui les énonce (en l'occurrence celui de la République française) que contre un autre
droit et un autre ordre
politique : les citoyens français n'ont pas le
droit de se révolter contre le
droit de la République française, puisqu'elle se donne (comme le font tous les autres régimes, y compris le régime monarchique qu'elle a renversé), pour légitime et qu'elle considère son
droit comme un
droit juste, contre lequel il n'y a donc pas lieu de se révolter. Derrière des déclarations d'ordre en
apparence universel, tout pou¬voir établi ne proclame en
réalité le
droit à la révolte (s'il le fait) que contre un autre
pouvoir que lui-même.
Le
droit à la révolte, du point de vue du
droit positif, paraît bien être un non-sens.
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Citations sur un citoyen peut-il faire prévaloir son droit de résistance ? :
Résistance et obéissance, voilà les deux vertus du citoyen. Par l’obéissance, il assure l’ordre, par la résistance, il assure la liberté. -
Alain
Il faut se mettre dans l'esprit ce que c'est que l'indépendance et ce que c'est que la liberté. La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent: et, si un citoyen pouvait faire ce qu'elles défendent, il n'aurait plus de liberté, parce que les autres auraient tout de même ce pouvoir. -
Montesquieu
Parce que le but de cette institution est la paix et la défense de tous, et que quiconque a droit à la fin a droit aux moyens, il appartient de droit à tout homme ou assemblée investis de la souveraineté d'être juge à la fois des moyens nécessaires à la paix et à la défense ... et de faire tout ce qu'il juge nécessaire de faire, soit par avance, pour préserver la paix et la sécurité en prévenant la discorde à l'intérieur et l'hostilité à l'extérieur soit, quand la paix et la sécurité sont perdues, pour les recouvrer. -
Hobbes
Le droit naturel devient ce qui va de soi, ce que telle communauté considère comme obligation et droit si évidents qu'il lui semblerait ridicule de le formuler... Le droit naturel devient ainsi le droit non-écrit, supérieur au droit écrit parce qu'il n'a pas besoin de celui-ci pour être reconnu. Il n'en est pas moins historique... C'est ... lui qui, en évoluant, force le droit écrit à évoluer. (Philosophie politique) -
F. Weil
Le besoin du droit naturel est aussi manifeste aujourd'hui qu'il l'a été durant des siècles et même des millénaires. Rejeter le Droit naturel revient à dire que tout droit est positif, autrement dit que le Droit est déterminé exclusivement par les législateurs et les tribunaux des différents pays. -
Léo Strauss