peut-on se contenter d'avoir des opinions?
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Un début de problématisation ...
peut-on se contenter d'avoir des opinions?
Connaissances à avoir …
Les
sujets de type « Peut-on… ?»
Le
sujet invite le candidat à s’interroger sur la possibilité mais aussi sur la légitimité de faire ou ne pas faire telle ou telle chose.
La dissertation doit toujours ĂŞtre la
démonstration construite de l’idée directrice qui a été dégagée à partir du sujet.
Ce qu’il ne faut surtout pas faire :
1. Il ne faut pas surtout pas affirmer dans un premier
temps « oui, on peut… », puis dans un second
temps « non, on ne peut pas… », et éventuellement dans un troisième
temps « on peut peut-être… ».
2. Il ne faut pas vous contredire au cours de votre développement.
La dissertation ne doit jamais être construite sur le mode d’un plan :
« oui-non-peut-être».
Ce qu’il faut faire :
1. Il faut que vous interroger sur la capacité, c'est-à -dire la faculté de faire ou de ne pas faire quelque chose. Il faut vous poser la question « a-t-on la possibilité de… ? »
2. Il faut que vous interroger sur la légitimité de faire ou de ne pas faire quelque chose. Il faut vous poser la question « a-t-on le
droit de… ? »
3. Il faut se défier de l’exigence subjective. Pour répondre à l’exigence de vérité, il faut penser quelque chose qui vaille pour tout autre qui accepte de penser aussi selon cette exigence.
Il faut penser en accord avec soi-mĂŞme
Problème : il s’agit de savoir si certaines
opinions peuvent être considérées comme meilleures que d’autres, si elles peuvent dispenser d’un savoir véritable. On a coutume de soutenir que les
opinions n’ont pas valeur de connaissances, mais qu’en est-il réellement ?
La
vérité désigne ici le savoir certain de quelque chose. Que la
vérité dérange, voilà qui nous oblige à penser que la vérité, même scientifique, n'est pas dans le ciel de l'esprit pur. La
vérité est aux prises avec des croyances, des dogmes, des préjugés. Elle n'est donc pas neutre, mais au coeur des lignes de force qui s'affrontent tant dans la
vie mentale que sociale.
L'illusion n'est pas une
erreur pure et simple. La connais¬sance vraie ne la dissipe pas ; j'ai
beau savoir que le bâton n'est pas tordu quand je le plonge dans l'eau, je ne peux m'empêcher de le voir tel. Comme l'indique le sujet, l'illusion se définit moins comme négation de la
vérité que par une fonction positive qui serait de repousser une
vérité connue. On dira en ce sens qu'elle n'est pas ignorance, mais plutôt méconnaissance.
La valeur des apparences selon. Nietzsche
D'après Nietzsche, l'homme est pour le moins enclin à confondre son besoin de croire à quelque chose avec une quête de vérité. En effet, « croire, c'est tenir pour
vrai ». Or, pour vivre et pour agir, nous avons sans cesse besoin de croire. Ce que nous appelons «
vérité », ce sont donc les croyances dont nous avons besoin, en tant qu'individus ou en tant qu'espèce. La
vie se nourrit d'illusions vitales, de croyances auxquelles il nous faut croire, non parce qu'elles sont vraies, mais parce qu'elles sont nécessaires à la vie. Il se pourrait donc que l'idée même de
vérité soit notre plus ancienne erreur, notre seule erreur. Elle nous conduit, depuis Platon au moins, à disqualifier le témoignage de nos sens pour chercher, derrière les apparences, un « monde
vrai », une vérité. C'est pourquoi Nietzsche peut s'écrier : « l'art a plus de valeur que la
vérité », parce que l'art nous désapprend à aller chercher derrière les apparences, il nous réapprend à jouir des apparences sans rien aller chercher au-delà . Si la
vie est un pur jeu avec les apparences, alors l'art seul lui est fidèle, plus que la science ou la philosophie. « L'art au service de l'illusion voilà notre culte ! » (Nietzsche)
I. L'apparence comme mensonge
1) Vérité se dit en grec aletheia — dévoilement. Le voile recouvre le
réel ; pour connaître le
réel (la vérité), il faut ôter le voile. Dans le mythe de la cavernes, Platon oppose deux mondes — le monde intelligible, qui est le seul réel, et le monde sensible, qui est celui des apparences. Les prisonniers enchaînés croient avoir affaire à des réalités — les apparences les trompent, ils ne voient que des reflets.
En effet, nous ne voyons pas les choses telles qu'elles sont mais telles que nous sommes : la rotation du Soleil, c'est l'apparence, la rotation de la Terre, la réalité. Nous voyons ce qui n'existe pas, et ce qui existe, nous ne le voyons pas.
Il semble donc qu'on puisse penser l'apparence comme mensonge dans le cadre d'une conception platonicienne qui pose à la fois : a) une ontologie de la vérité2 ; b) la transcendance de l'Idée — par laquelle le
sujet humain n'a pas une part active dans la constitution de la vérité.
2) 11 existe aussi des apparences que nous produisons intentionnellement pour tromper l'autre. Un sourire, une belle parole, un vêtement sont des formes concrètes de mensonge possible. On appelle hypocrisie le mensonge devenu comportement.
Mais l'apparence n'est pas seulement voile, elle peut être révélation.
Mais l'apparence n'est pas seulement voile, elle peut être révélation.
Il. L'apparence comme révélation
Il n'y a pas d'être sans apparaître, et il y a un être de l'apparaître. On oublie trop souvent que l'homme s'est plus encore trompé à vouloir aller au-delà des apparences qu'à être resté en-deçà . Si l'on s'en était tenu aux apparences, les superstitions les plus farfelues n'auraient pas existé, et l'on n'aurait pas autant cru aux fantômes.
Il faut croire aux apparences : sauf cas exceptionnels et tout Ă
fait anecdotiques, un riche a une
apparence de riche, et un pauvre a une
apparence de pauvre. Un appartement de luxe, une voiture de deux cent mille francs, un yacht ne sont pas des signes de pauvreté — et nul milliardaire ne se cache dans les bidonvilles de Calcutta. Une parole imbécile n'est pas signe d'intelligence, et les conférences d'Einstein ne cachaient pas une ignorance possible. V. Hugo disait : la forme, c'est le fond devenu visible. La richesse n'est pas un signe de pauvreté, ni la
culture le masque de l'inculture...
L'apparence a par conséquent un statut ambigu, elle est à la fois se qui cache et ce qui manifeste. Ainsi, les deux proverbes — français : L'habit ne
fait pas le moine, et allemand : L'habit
fait le moine — ont-ils
raison tous les deux, malgré leur contradiction.
Toute
apparence provient d'une réalité, même l'hallucination du fou (la
réalité dont elle provient est alors la maladie mentale). Un mirage est une image réelle. Et que cherchent à capter les instruments scientifiques sinon les apparences de l'univers ? Car c'est à partir d'elles que la
réalité peut être étudiée (la composition chimique d'une étoile à partir de son spectre électromagnétique). Ce qui nous conduit à la troisième partie.
III. L'apparence comme signe
1) En fait, il n'y a ni mensonge ni
vérité du côté des apparences. Le mensonge est un acte par lequel, connaissant la vérité, on la remplace volontairement par quelque chose qui n'est pas elle. Pour mentir, il faut le vouloir, et l'apparence ne veut rien : c'est nous qui nous trompons en interprétant l'apparence du mouvement du Soleil comme le signe de la rotation du Soleil. L'apparence n'est pas mensonge, c'est nous qui commettons une
erreur sur elle. Il est d'ailleurs caractéristique à cet égard que les deux courants opposés de l'âge classique, le rationalisme et l'empirisme, tombaient d'accord sur ce point : ce ne sont pas nos sens qui nous trompent, mais c'est notre jugement qui se trompe à partir de ce que les sens reçoivent. En effet, si l'apparence était mensonge, cela signifierait qu'il y aurait une
apparence vraie. Or, de deux choses l'une : ou bien l'on considère qu'au-delà de l'apparence, il n'y a rien (empirisme), et alors, puisqu'elle est la seule réalité, l'apparence ne saurait nous tromper ; ou bien l'on conçoit que l'être véritable doit être connu au-delà des apparences, mais alors, c'est toujours le
sujet qui juge qui se trompe.
De plus, d'où l'apparence vient-elle ? Ici encore, deux solutions, deux théories sont possibles : ou bien l'apparence vient de l'objet (c'est la thèse réaliste), ou bien elle émane du
sujet percevant (thèse idéaliste). Or, dans ces deux cas, la
perception et l'Ă©manation sont ou ne sont pas ; elles ne sont ni vraies ni fausses.
2) L'apparence est en-deçà du
vrai et du faux — elle est un signe. Le mot arbre, par exemple, n'est ni
vrai ni faux, c'est ce que nous énonçons sur lui qui peut l'être. Un signe s'utilise, il 's'interprète — et c'est dans l'interprétation que nous faisons que peut se glisser l'erreur.
L'apparence n'est pas mensonge, il n'y a pas de mensonge sans menteur — et le
réel ne dit :rien. Les apparences nous trompent-elles ? C'est bien plutôt nous qui nous trompons sur elles. :Les apparences ne sont pas des discours (qu'on pourrait qualifier de vrais ou de faux), ce sont des signes : à nous de les interpréter correctement. La
vérité et le mensonge (ou l'illusion) ne sont pas dans le signe mais dans l'interprétation, pas dans l'objet interprété mais dans le
sujet interprétant.
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Citations sur peut-on se contenter d'avoir des opinions? :
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Victor Hugo
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Voix de la chair : ne pas avoir faim, ne pas avoir soif, ne pas avoir froid ; celui qui dispose de cela, et a l'espoir d'en disposer Ă Â l'avenir, peut lutter pour le bonheur. -
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Des systèmes microscopiques peuvent exister et posséder des propriétés définies indépendamment de toute connaissance qu'un observateur quelconque peut avoir ou ne pas avoir à leur sujet. -
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