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Une parole juste permet-elle d'Ă©viter les malentendus?

Une parole juste permet-elle d'Ă©viter les malentendus? Sujets / La culture / Le langage /

Un début de problématisation ...

    PLAN D'ENSEMBLE DE LA LEÇON Introduction
I. L'argumentation est-elle un leurre...
A. Argumenter, c'est une ruse de la force.
B. Argumenter, c'est séduire. Peu importent les moyens, ce qui compte c'est la fin
C. Argumenter, c'est se battre : de la rhétorique à l'éristique.
Transition : On a oublié en chemin que l'argumentation cherche à gagner la conviction de l'interlocuteur, et non pas à l'ensorceler, ou à le terrasser. Elle se flatte d'utiliser des arguments et donc des preuves, elle suppose donc un certain degré de cohérence.
Il. ...Ou un art de la preuve ?
A. Elle relève d'une logique du vraisemblable.
B. La nécessité d'un appareil argumentatif.
C. Elle est une Ă©laboration collective.
Transition : L'argumentation vise une cohérence, mais pas un système. Quelle relation entretient-elle avec la tâche philosophique de rassembler les savoirs en un système de la vérité ? Peut-on parier d'une philosophie de l'argumentation ?
III. Pour une philosophie de l'argumentation.
A. Le KaĂŻros.
B. De l'événement à l'exemple.
C. Politique et argumentation.
Conclusion
 Un constat : On entend souvent dire : « Ce ne sont que des mots », assez de paroles, des actes ! », et l'on connaĂ®t la rĂ©flexion du personnage de Queneau : « Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire » Pile dans le mĂ©tro).
 Toutefois, on a pu Ă©galement dire que I'« on a bouleversĂ© la terre avec des mots » (Musset).
• Le problème se pose donc de savoir si parler est bien le contraire d'agir.
1. Austin : dire, c'est faire
Les paroles sont triplement actes
I Le linguiste et philosophe anglais J. L. Austin a souligné que toute parole, tout discours est triplement acte :
• Acte locutoire. Une parole, un discours est d'abord l'exercice de la faculté du langage. Un discours est un énoncé ou un ensemble d'énoncés réellement produit par un locuteur (individuel ou collectif). ll est donc par lui-même un acte : acte de locution.
• Act( illocutoire. Lorsque je parle (que j'accomplis un acte de locution), j'utilise le discours. Mais je puis l'utiliser de différentes manières, car le discours a de nombreuses fonctions. Je puis, par exemple, informer, suggérer, promettre, interdire, etc. Donc en disant quelque chose, j'effectue un acte différent de l'acte locutoire qui est de dire quelque chose. Austin appelle
illocutoire » cet acte effectué en disant quelque chose.
• Acte perloctitnirè. Un discours a le plus souvent certains effets intentionnels ou non, même lointains, soit sur autrui, soit sur celui qui parle. Ainsi lorsque je produis un acte locutoire (et par là-même un acte illocutoire) je produis un troisième acte, qu'Austin nomme perlocutoire
• Ces trois actes distincts sont illustrés par l'exemple suivant :
• Acte locutoire : production de la parole, Tu ne peux pas faire cela ».
• Acte illocutoire : la parole « Tu ne peux pas faire cela » manifeste une.protestion contre une action.
• Acte perlocutoire : la parole (et la protestation) « Tu ne peux pas faire cela » a pour effet de dissuader l'interlocuteur de réaliser son action.
Discours constatif et performatif
• On considere habituellement que dire quelque chose, c'est toujours simplement affirmer quelque chose : les énoncés seraient toujours des affirmations dont on peut dire qu'ils sont vrais ou faux selon qu'ils correspondent à la réalité. Par exemple, l'énoncé « je bois un café » est vrai si je bois effectivement un café, faux si je n'en bois pas. Mais Austin observe que certains énoncés ne sont ni vrai ni faux, car ils ne décrivent rien, mais sont lès actions qu'ils énoncent : ils ne décrivent pas quelque chose, mais font quelque chose, sans donc être ni vrais ni faux, tout comme lorsque je bois un café, mon acte de boire un café n'est en lui-même ni vrai ni faux : il est ; c'est un fait. Si, en effet, nous considérons par exemple l'énoncé : « Je promets de dire toute la vérité », nous voyons qu'en prononçant ces 1,; mots, je ne décris rien mais j'accomplis un acte : je fais un serment. Ce serment n'est ni vrai ni faux, c'est un serment (je puis par la suite y être fidèle ou non, cela ne change rien au fait que c'est un serment).

 Aussi Austin est-il conduit Ă  distinguer deux sortes d'Ă©noncĂ©s :
• Les énoncés constatifs qui décrivent un phénomène (ex. : « le ciel est bleu », « je suis heureux », « deux et deux font quatre »).
• Les énoncés performatifs dont l'énonciation énonce une action du locuteur en même temps qu'elle l'accomplit (ex. : « je jure que... », « j'exige que... », « je parie que... », « je te baptise... »). C'est pourquoi ces énoncé sont toujours à la « première personne du singulier de l'indicatif présent, voix active ».
 Il apparaĂ®t donc que parler, dans les cas de discours performatifs, n'est nullement le contraire d'agir, c'est, tout au contraire, agir au sens le plus fort du terme. Mais mĂŞme les discours constatifs, dans la mesure oĂą, nous l'avons vu, ils engagent nĂ©cessairement le locuteur et peuvent influer sur l'interlocuteur, constituent des actes importants. Examinons maintenant quelques aspects de ce dernier point.
2. Pouvoirs de la parole
La fonction conative du langage
 La fonction de commandement de la parole, comme l'ont soulignĂ© ceux qui ont rĂ©flĂ©chi sur l'origine du langage, paraĂ®t fondamentale. Les langages des animaux sont constituĂ©s de signaux ayant pour finalitĂ© do dĂ©terminer une rĂ©action immĂ©diate du rĂ©cepteur, par exemple la fuite. Par ailleurs, si l'apparition du langage est liĂ©e Ă  celle du travail, ce serait parce que le travail collectif exige une organisation et donc des ordres pour la rĂ©partition des tâches et de leur exĂ©cution, ne serait-ce que de simples cris permettant de scander et de coordonner une action et un effort collectifs. Une des fonctions essentielles du langage est donc d'agir sur autrui, ce que R. Jakobson nomme la « fonction conative », ce dernier observant que cette fonction « trouve son expression grammaticale la plus pure dans le vocatif et la forme verbale de l'impĂ©ratif qui, du point de vue syntaxique, morphologique et souvent mĂŞme phonologique, s'Ă©cartent des autres catĂ©gories nominales et verbales » (Essais de linguistique gĂ©nĂ©rale, trad. 1963, p. 216).
• Parler, dans ces conditions, c'est bien agir en sorte de faire réagir autrui. Cependant les hommes ne se laissent pas toujours ordonner et commander : la parole va alors tenter de les persuader, par l'éloquence, par la rhétorique.
croyance, en leur suggérant une opinion et rien de plus. Fondée sur la magie des mots, sur le charme, le faux-semblant et l'illusion, sa puissance est universelle car il n'est point de sujet sur lequel un homme qui sait la rhétorique ne puisse parler devant la foule d'une manière plus persuasive que l'homme de métier, quel qu'il soit » (id., 456 c). C'est pourquoi « elle englobe en elle-même, pour ainsi dire, et tient sous sa domina¬tion toutes les puissances » (id., 456 a). Aussi, conclut le sophiste Gorgias, « elle est réellement le bien suprême, celle qui donne à qui la possède la liberté pour lui-même et la domination sur les autres dans sa patrie ». Ainsi, pour l'orateur, celui qui maîtrise la rhétorique, qui sait manier les mots avec tout leur pouvoir, parler n'est rien moins que le contraire d'agir.
Parole et marchandise
 R. Barthes a remarquĂ© que l'art de la parole qu'est la rhĂ©torique « est liĂ© originairement Ă  une revendication de propriĂ©tĂ© [Ă  savoir les procès tenus Ă  Syracuse pour rĂ©tablir dans leurs droits les propriĂ©taires expropriĂ©s par GĂ©lon et HiĂ©ron, tyrans qui venaient d'ĂŞtre renversĂ©s), comme si le langage, en tant qu'objet de la transformation, conduite d'une pratique, s'Ă©tait dĂ©terminĂ© non point Ă  partir d'une subtile mĂ©diation idĂ©ologique (comme il a pu arriver Ă  tant de formes d'art), mais Ă  partir de la socialitĂ© la plus nue, affirmĂ©e dans sa brutalitĂ© fondamentale, celle de la possession terrienne : on a commencĂ© — chez nous — Ă  rĂ©flĂ©chir sur le langage pour dĂ©fendre son bien » (L'ancienne rhĂ©torique, Communications, XVI, 1970, p. 176).
 Ainsi la rhĂ©torique se situe Ă  proximitĂ© du monde de la propriĂ©tĂ©, des marchandises, de l'argent. Et tout discours qui se tient dans cette proximitĂ© peut ĂŞtre considĂ©rĂ© comme rhĂ©torique. Un tel discours, observe H. Lefebvre, « se vend. Il sert Ă  vendre. Il se manipule et permet de manipuler. Les gens se divisent alors en

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Citations sur Une parole juste permet-elle d'Ă©viter les malentendus? :

puce La raison veut décider ce qui est juste; la colère veut qu'on trouve juste ce qu'elle a décidé. - (Lucius Annaeus Seneca) Sénèque
puce Quand la parole atteint son point de perfection, elle cesse de paraître. C’est la réalité elle-même qu’elle nous rend tout à coup présente. - Lavelle
puce Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n'Ă©teint que les petits. - Elsa Triolet
puce Vrai et faux sont des attributs de la parole et non des choses. Là où n'est point de parole, il n'y a ni vérité ni fausseté. - Hobbes
puce La parole est dans le commerce des pensées ce que l'argent est dans le commerce des marchandises, expression réelle des valeurs, parce qu'elle est valeur elle-même. - Louis-Ambroise vicomte de Bonald