A quoi sert la vérité?
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Un début de problématisation ...
Problème : il s’agit de savoir comment nous pouvons parvenir à la
connaissance , comment nous pouvons éviter de nous tromper ?
VÉRITÉ Alors même qu'il s'efforce de le restituer avec fidélité, le
vrai n'est pourtant pas le réel. Tandis que la
réalité est par définition indépendante de l'homme, la
vérité est toujours de l'ordre du discours ou encore de la représentation. Préoccupation essentielle de la recherche philosophique, la
vérité n'est donc ni un fait, ni un donné. Au contraire, elle doit toujours être recherchée. Nous sommes alors renvoyés au problème de ses conditions d'accès, et à celui des critères du jugement vrai. La
vérité constitue également une exigence ou encore une valeur. -La recherche de la
vérité en question Le projet de recherche de la
vérité est constitutif de la réflexion philosophique, et c'est par lui que, dès l'origine, celle-ci s'est définie dans la Grèce antique. La
philosophie de Platon* illustre à merveille la triple idée autour de laquelle se formule le projet de vérité. 1. Ce projet a un sens: l'effort de l'esprit
humain pour parvenir à une authentique
vérité peut être couronné de succès. 2. Une
vérité n'est telle que si celui qui l'énonce ne répète pas comme un perroquet un savoir étranger. Tel est le sens de la maïeutique* de Socrate*: on n'enseigne pas la
vérité comme on remplirait un vase vide; connaître la vérité, c'est, par un véritable "accouchement de l'esprit" (maïeutique), la retrouver comme au fond de soi, c'est-à -dire se l'approprier. 3. La
vérité se définit par sa permanence et son universalité, et en cela ne doit nullement se confondre avec la relativité et l'inconstance des
opinions humaines. Il faut donc distinguer
vérité et connaissance. Ce qui est
vrai aujourd'hui le sera demain et toujours -et l'est pour tous- ou ce n'est pas, à proprement parler, une vérité. Ce n'est donc pas parce que la variabilité des
opinions est un
fait qu'une
vérité objective et universelle est impossible. Ce qui est impossible, au contraire, c'est d'affirmer "à chacun sa vérité", puisqu'on l'affirme... comme une vérité. Cela n'empêche pas qu'on puisse légitimement dire "à chacun ses opinions", mais il faut opérer une distinction critique entre l'opinion*, ou
vérité prétendue, et la
vérité ou
opinion certifiée. Une telle recherche de la
vérité peut-elle espérer aboutir? C'est ce que conteste le scepticisme*, lequel veut substituer à l'affirmation "dogmatique" de la possession du
vrai une attitude de doute* et d'examen. Il serait évidemment contradictoire de dire que le scepticisme* est... dans le vrai, et l'on n'a pas manqué de lui reprocher cette apparente incohérence. Il a cependant une valeur, qui est de nous inciter à la modestie. En nous enseignant que nos croyances ne sont pas ces vérités assurées pour lesquelles nous les prenions, le scepticisme nous empêche, à sa manière, de nous laisser bercer par les charmes sécurisants des "vérités toutes faites", des fausses certitudes*, c'est-à -dire de l'opinion. -Définitions et critères 1. Définitions de la vérité. Tout le monde semble s'accorder depuis Thomas d'Aquin*, au XIII^e siècle, pour définir la
vérité comme correspondance ou adéquation: adéquation entre l'intelligence qui conçoit, entre l'esprit et la réalité. En d'autres termes, la proposition "il neige", par exemple, est vraie si et seulement si, en fait, il neige. Cette définition comporte une conséquence importante: la
vérité est une propriété du langage*, non du réel. "Vrai" et "faux" sont des qualificatifs qui s'appliquent non pas à des choses, mais à des propositions. On parle pourtant d'or "faux", de "vrai" ami, etc. Mais l'or "faux" est tout aussi
réel que l'or véritable. Seulement, ce n'est pas de l'or, mais, par exemple, du cuivre doré. Ce qui est "faux" alors, c'est la proposition implicite: "Ceci est de l'or". La définition de la
vérité comme correspondance ne
fait pourtant pas l'unanimité. On peut lui opposer d'autres définitions, notamment celle qui caractérise la
vérité en termes de cohérence. Selon cette conception, une
théorie scientifique, par exemple, sera dite vraie, non pas si elle correspond aux faits, mais si les propositions qui la constituent forment un ensemble cohérent, c'est-à -dire si elles sont compatibles entre elles. Cependant, la
théorie de la "vérité-cohérence" semble difficile à soutenir: l'accord de la
pensée avec elle-même est bien une condition nécessaire de la
vérité (car on ne peut se contredire et énoncer une vérité), mais non une condition suffisante. Nos
pensées peuvent être entre elles cohérentes et en contradiction avec la réalité. Mais la
théorie de la "vérité-correspondance" suscite elle aussi des difficultés. D'une part, l'idée de correspondance suppose que les
faits auxquels nos propositions ou nos croyances doivent correspondre sont disponibles indépendamment de notre langage. Or, rien n'est moins sûr. Toute tentative de parler du monde n'en est-il pas déjà une interprétation*? D'autre part, qu'est-ce, pour une croyance, d'être "en accord" avec les faits? Cela signifie-t-il qu'une
pensée vraie est la copie fidèle du réel, ou, comme le soutient le pragmatisme* (cf. W. James), qu'elle permet d'agir efficace-ment sur lui? Il importe sans doute que nos idées augmentent notre puissance d'agir; mais le pragmatisme a tort de faire du succès une règle du vrai. Cette règle, il faut la chercher, au contraire, dans l'art de la preuve*. Il n'y a pas de
vérité sans vérification*. 2. Le problème du critère de la vérité. À quoi reconnaît-on la vérité? À cette question, la plupart des philosophes classiques ont suivi Descartes* pour répondre: à l'évidence* des idées vraies. Cela signifie, comme l'affirmait Spinoza*, que la
vérité est index sui, qu'elle se montre d'elle-même, par sa seule clarté: "Qui a une idée vraie sait en même
temps qu'elle est vraie et ne peut douter de la
vérité de sa connaissance" (_Éthique_, II, 43). Mais peut-on tout reconnaître par évidence? Ce n'est pas nécessaire. Il suffit de connaître par évidence les premiers principes de la
connaissance -les vérités premières- et d'établir toutes les autres par démonstration*, c'est-à -dire en les déduisant de proche en proche à partir des premières. Ainsi, pour Descartes, l'intuition* -c'est-à -dire l'évidence- et la déduction* sont les deux seules voies qui conduisent à la vérité. L'ordre du
vrai aurait donc un modèle: l'ordre géométrique, tel qu'Euclide*, dès l'Antiquité, l'avait formalisé dans ses _Éléments de géométrie_. Mais le critère de l'évidence s'est heurté à deux objections. La première fut formulée par Leibniz*: l'évidence est un critère peu fiable, car trop subjectif. Elle se définit par le
fait que la représentation d'une idée s'accompagne d'un
sentiment de certitude; mais quel crédit accorder à ce sentiment? Chacun de nous a
fait l'expérience d'évidences trompeuses. Comment, alors, peut-on distinguer l'évidence de ses faux-semblants? La deuxième objection résulte du développement des sciences expérimentales: on ne peut traiter le monde
physique comme un système mathématique et se contenter de déduire ses lois à partir d'axiomes "évidents". Dans le domaine des sciences de la nature, le critère de la
vérité doit être l'observation des faits. Il faudrait donc distinguer deux types de critères: les vérités purement formelles d'une part, les vérités expérimentales ou empiriques d'autre part. -La
vérité comme valeur Pourquoi donc vouloir la vérité? Vaut-elle même d'être recherchée? Ne peut-on lui opposer des valeurs plus hautes, la
vie par exemple? Nietzsche* osa poser ces questions radicales. Leur mérite est au moins d'obliger à assumer le caractère moral de l'exigence de vérité. La
vérité est un choix: nous pouvons vouloir l'erreur*, l'illusion*, le mensonge*, parce que nous pouvons aimer d'autres choses plus que la
vérité (le plaisir, le pouvoir, l'action...); et parce que nous pouvons aussi refuser de voir dans l'effort de la
raison vers la
vérité le signe de notre dignité d'hommes. Descartes lui-même reconnaissait qu'on peut nier l'évidence. En ce sens, le problème de la
vérité n'est pas seulement de la définir ou d'en énoncer les conditions, mais relève avant tout de notre liberté*. TERME VOISIN: validité. TERMES OPPOSÉS: fausseté; mensonge.
Savoir. Mais qu'est-ce que savoir ? Peut-on savoir que l'on ignore ? Si nous sommes enchaînés dans la caverne, comment pouvons-nous nous retourner et partir à la découverte des Idées ? Certes, nous pouvons imaginer l'intervention d'un Maître qui, tel Socrate,
fait tomber les chaînes de l'ignorance ? Mais ce Maître, comment s'est-il
fait ? Quelle a été la force qui a poussé le premier Maître à se délivrer de ses liens ? Comment pouvons nous désirer apprendre ? Les choses peuvent en effet se diviser en deux classes : celles qu'on sait et celles qu'on ignore ; celles qu'on sait, on ne les recherche pas, puisqu'on les sait ; quant à celles qu'on ignore, on ne les cherche pas non plus, puisqu'on les ignore, et même si, par hasard, on « tombait dessus », on ne pourrait reconnaître que c'est là ce qu'on ignorait. Existe-t-il alors une sorte de savoir qui s'apparente à une ignorance qui se sait, d'une part, et un savoir qui se distingue radicalement d'une ignorance en tant qu'elle s'ignore elle-même d'autre part ? Notre savoir ne se donne-t-il pas plus souvent à interpréter sous la forme d'un croire-savoir que sous celle d'une véritable
connaissance des choses, de ce qu'elles sont en tant que telles et non telles que nous pensons qu'elles sont ou telles qu'elles nous apparaissent ? Autrement dit, tout savoir ne se réduit-il pas à un noeud de définitions plus ou
mal posé ?
APPROCHE DE LA PROBLÉMATIQUE
Bien lire le
sujet : le
sujet conduit à s'interroger sur les conditions qui rendent possible la certitude. Celles-ci concernent sans doute les précautions à prendre pour éviter de tomber dans l'erreur, mais le problème va bien au-delà : la question en effet n'est pas — ou pas seulement — « comment doit-on s'y prendre pour accéder à la certitude? », mais « celle-ci est-elle seulement possible? »
Recherche de la contradiction : le problème est contenu dans l'idée même d'erreur : je ne peux me tromper que parce que le
vrai et le faux ont quelque ressemblance; est-il alors possible de les distinguer avec certitude?
NOTIONS CONCERNÉES
— La vérité.
— L'illusion.
— Logique et mathématiques.
Introduction
I. Se préserver de l'erreur par une démarche méthodique.
1. L'erreur est un acte du sujet.
2. La nécessité d'une méthode.
3. Les limites de la méthode.
Il. La question du fondement métaphysique de la vérité.
1. Peut-on douter de la raison?
2. L'hypothèse cartésienne du Dieu trompeur.
3. La possibilité d'une certitude absolue.
Conclusion
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Mikahà «l Omraam Aîvanhov
Nous ne pouvons pas donner la vérité à  qui veut décider de quoi elle doit avoir l'air. -
Gunnar Bjà ¶rling
Quoi que l'on dise, quoi que l'on fasse, le temps s'enfuit et tout s'efface. -
Charles Trenet